Les codes de Napoléon 1er |
Présentation du code F 18Le code intitulé « F 18 » a été utilisé par les troupes de l’Empereur pendant les 100 jours pour communiquer avec les commandants des places fortes.Il est composé de 1200 groupes. C’est la taille courante d’un grand chiffre de l’époque. Des codes utilisés par l’Empereur lui-même pouvaient atteindre 3000 groupes. Dans les archives j’ai trouvé les deux tables (ce qui est rare): chiffrante (C), et déchiffrante (D) mais aussi (ce qui est exceptionnel) le manuel d’utilisation. C’est un code à battons rompus (en deux partis). Chaque groupe signifie:
Remarques:
Un groupe représente souvent plusieurs déclinaisons d’un même mot: le mot au singulier, au pluriel, au masculin, au féminin, au féminin pluriel ainsi que d’autres mots ayant la même racine. 880 = co, lonie, ale, s. Il permet de coder : co, colonie, coloniale, coloniales 250 = peu, x, t. Il permet de coder : peu, peux, peut 353 = tout, e, es. Il permet de coder : tout, toute, toutes 1083 = fort, e, ce, s. Il permet de coder : fort, forte, force, forts, forces 835 = an, née, s. Il permet de coder : an, année, années, année, ans 546 = conclu, re, sion, s. Il permet de coder : conclu, conclus, conclure, conclusion, conclusions 709 = manifeste, r, mt. Il permet de coder : manifeste, manifester, manifestementLes lettres, syllabes ou mots très utilisés étaient codés par plusieurs groupes : du = 1150, 407, 960, 241 bien, s = 1170, 218 cet, te = 247, 968, 1175 guerre, s = 662, 104 & = 460, 1124, 62, 965, 807Groupes particuliers :
Le texte (verbatim) du manuelInstructions pour l'emploi du chiffre marqué F. N°18. pour servir à la correspondance de M M. les Gouverneurs et Commandants de places. Ce chiffre se compose de deux tables, l'une marquée C, par ordre alphabétique; sert à écrire en chiffres, et l'autre marquée D, par ordre numérique, Sert à traduire les chiffres en phrases. Il se compose de 1200 numéros, qui tous présentent une signification; on remarque que pour les mots dont l'usage est le plus fréquent, on indique plusieurs numéros qu'on peut employer alternativement pour éviter que les mêmes se représente trop souvent: L'exemple suivant suffira pour faire comprendre comment on doit employer la table C, qui sert à chiffrer.
" Une Colonne ennemie forte de 20,000 hommes, 229. 1196. 880. 748. 1014. 204. 364. u --- ne --- Co --- lo --- n --- ne - ennemie 1083 -- 549 -- 1148 - 1041 -- 536 -- 1181 - 955 - forte - de --- 20 -- mille hommes se porte 288 - 1027 - 760 - 1136. 835. 805. 647. Sur - moi ; tout an - non - ce 212. 115. 290. 988. 150. 958. 410 que Sous peu je se rai annulent les chiffres 717. 29. 1200. 975. 360. 171. 1103 273 ---------------------------- Compris entre eux - attaqué 460. 988. 270. 65. 975. 539. 353. 416. et je suis pre t à tout événement 1164. 583. . marquant la fin.Pour rendre plus difficile l'interprétation d'une dépêche chiffrée, dans le cas où elle serait interceptée, on peut à volonté y introduire des numéros nuls; les premiers venus remplissent cet objet, il suffit de les faire précéder et suivre par les deux numéros qui annulent les chiffres compris entre eux. L'exemple suivant présente la manière de les employer, en même temps qu'il indique comment on se sert de la table D, pour déchiffrer. On reçoit une dépêche ainsi chiffrée. 559. 958. 352. 849. 835. 805. 827. 212. 1142. 364. 739. 1185. 833. 963. 692. 24. 615. 154. 162. 1164. 806. 128. 1085. 1027. 1094. 548. 199. 604. 549. 869. 906. 749. 583.On prend la table D, et on cherche chaque numéro, on trouve; 559. 958. 352. 849. 835. 805. 827. des ra - p - ports an - non cent 212. 1142. 364. 739. 1185. 833. 963. que l - ennemi est en re - tra 692. 24. 615. 154. 162. 1164. 806. - ites- ; faites le suivre . alinéa 128. 1085. 1027. 1094. 548. 199. envoye - z moi L' état de 604. 549. 869. 906. 749. 583. situation de vos toupes . marquant la finRègle générale; on doit chiffrer en séparant bien les numéros et laissant entre les lignes assez d'intervalle pour mettre la traduction. On ne doit jamais gratter, ni surcharger un numéro. Quand on s’aperçoit qu'on s'est trompé, on laisse subsister la faute en mettant après les n° faux, le nombre indiqué à la table C, comme annulant celui qui le précède, et on réparera ainsi la faute en reprenant le n° sur lequel on s'était trompé.
Commentaires sur le manuelDans les deux textes chiffrés, il y a quelques erreurs :
Les tables chiffrantes et déchiffrantes
Il est indiqué que les exemplaires ont appartenu au Général de division Thouvenot commandant à Bayonne et pendant son service en Juin et juillet 1815. Le général de division Pierre ThouvenotIl est élevé au grade de général de division le 25 novembre 1813. De la mi-février au 5 mai 1814, il est gouverneur de Bayonne, commandant en chef des troupes qui retiennent sous les murs de la ville trente neuf mille soldats de l'armée de Wellington qui ne parviendront jamais à faire plier la défense française.Commandant supérieur de Rochefort pendant les Cent-Jours, il retrouve son commandement à Bayonne au retour de Napoléon. Après Waterloo et la restauration de la Monarchie, lui, qui a toujours manifesté une loyauté indéfectible à l'Empereur, est placé en non-activité le 10 août 1815, puis mis à la retraite le 9 septembre suivant. Références
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